Look Down
Feat. Vlad Tepes
L'atmosphère de la ville était étrange depuis qu'il y était arrivé. C'était difficile pour lui de savoir si c'était le choc culturel - bien qu'il y fut préparé - la langue étrangère - bien qu'il l'ait apprise - ou bien l'étrange activité spirituelle du lieu. Depuis que les portes des Enfers s'était ouvertes, Vladimir essayait tant bien que mal d'éviter les zones les plus peuplées et les zones les plus suceptibles de subir une attaque. C'était parfois difficile à négocier, et souvent il se retrouvait à se planquer dans un coin en attendant que l'orage passe. Il n'aurait pas, dans l'absolu, été contre un petit combat... mais il avait des ordres à respecter, et pas spécialement envie de subir une nouvelle correction. La dernière rouste l'avait remis d'aplomb pour quelques temps.
«
La plaie... » murmura-t-il en anglais, alors qu'une pression spirituelle aussi élevée que la sienne était détectée sur son radar.
Son téléphone, dans sa main, en affichait la position exacte, avant même qu'il ne puisse le détecter lui-même.
Reatsu inconnu. C'était encore un de ces types étranges, cette race d'esprits qu'ils n'avaient pas encore identifié au labo. Etait-ce vraiment le moment idéal pour l'envoyer en mission au Japon - sérieusement ! La mobilisation d'Human Future Corp. dans ce pays bizarre, c'était bien une idée de merde, de son point de vue. M'enfin, on lui demandait pas son avis à lui, et il obéissait sagement. Pour l'instant.
Il abaissa son reatsu dès que la menace fut détectée, afin de passer pour ce qu'il aurait toujours du être : un humain lambda. Il portait un jean et une chemise, et il tenait à la main sa malette, avec son violon, et
Greed à l'intérieur. Dans son autre main, il avait une petite partie de la partition qu'il était sensé travailler. Il resserra légèrement ses doigts sur les feuilles. Ce qui s'approchait de lui n'était probablement pas un adversaire à sa taille : il n'avait pas envie de l'affronter, il y avait trop de risques de finir six pieds sous terre avant même d'avoir pu se libérer. Puis le vieux serait triste de perdre son joli cobaye. Ce n'était pas parce qu'il était une des plus belles réussites - une des premières surtout - de l'organisation, qu'il n'était pas remplaçable. Il espérait quand même que sa disparition, un jour, attristerait quelqu'un. Ce serait sa façon de rester un parfait connard jusqu'au bout : même parti, il serait capable de vous manquer.
Il plongea le nez dans sa paperasse en avançant le long de la rue.
Ne pas lever la tête. Ne pas lui montrer qu'il le voyait. Marcher comme les autres humains. Ne pas stresser, même s'il marchait juste au-dessus de lui. Ne pas presser le pas, faire comme si de rien était. La stratégie était a priori improbablement simple, et particulièrement dure à réaliser. Il sentait la présence du type aussi fort que s'il était en train de lui faire un gros calin - une image très fort déplaisante, compte tenu de la puissance du type. Il releva les yeux une fraction de seconde trop tôt, et ses yeux verts brillants croisèrent un instant ceux du
reatsu inconnu ; il était repéré comme un bleu.
Pas question de trainer dans le coin : son
Bringer Light lui permit de s'enfuir d'un pas leste, faisant fi des potentiels témoins. Il fallait qu'il s'enfuie, et qu'il se planque, et qu'il se fasse oublier. Simple, non ?