Les bottes de l’arrancar produisirent un son mécanique en heurtant le bras de la grue, résonnant tout le long de la structure de l’engin qui s’élevait vers le ciel étoilé. Reniflant de mépris pour les êtres qui dormaient, inconscients du danger, le tercera espada porta à ses lèvres une bouteille qu’il conservait dans une des poches intérieur de son manteau. Il s ‘autorisa un petit sourire en sentant le liquide ambré réchauffer sa gorge, puis repris de nouveau son air renfrogné.
De tout les arrancars et hollows qu’Harribell avait à sa disposition, elle l’avait choisi, lui, pour mener cette mission de reconnaissance. Lui qui détestait toutes ses tâches subalternes. Lui qui n’avait jamais intégré le mot « discrétion » à son vocabulaire personnel. Lui qui ne vivait que pour sentir les phalanges de son poing faire craquer les os d’autres êtres.
Et pourtant, il avait accepté. Pas par soumission, pas par crainte. Par pur respect envers l’espada qui tenait auparavant son rang. Par respect envers une arrancar redoutablement efficace, dont les prouesses martiales ne pouvaient que forcer son admiration.
Soupirant, il décida donc d’ouvrir grand ses pesquisas, s’efforçant de mener à bien la tâche qu’on lui avait confiée.
Les yeux fermées, il entendait encore plus distinctement le bourdonnement nocturne de la ville : les bruits des commerces de nuit, les voitures, le métro, le vent qui soufflait dans les larges pans de ses vêtements et faisait grincer la grue. En dessous de lui, les lumières de néons, phares, lampadaires, formant une masse rougeâtre parcourue de lucioles bleues inertes. Et une odeur chimique, nauséabonde, qu’il n’avait pas sentie depuis des années.
Et pourtant, il n’était pas apparu en plein centre ville. Derrière lui, le ciel se refermait doucement sur le garganta par lequel il était venu, semblant cicatriser de l’intrusion du hollow dans le monde des humains. Bientôt, seule la montagne se dresserait derrière lui, tandis qu’il observait méticuleusement la ville qui s’étendait devant lui.
Ce choix était stratégique, réduisant les chances qu’un adversaire apparaisse dans son dos, tout en minimisant le risque de dommages collatéraux. Seul une petite centaine de mètres le séparait de la nature, une distance facile à parcourir pour éviter de déborder des objectifs de sa mission.
Il avait été chargé de découvrir les capacités défensives encore en place autour de la ville de Karakura, et tout particulièrement, le temps de réaction du Vandenreich ou des Shinigamis en cas d’intrusion.
S’il n’était pas sûr de tous les détails concernant la mission, il était sûr d’une chose : une fois repéré, il aurait intérêt à mener sa tâche à bien le plus vite possible, avant que les protecteurs de la ville n’arrivent à le vaincre.
Amusé à cette idée, il s’arrêta de contenir son reatsu, laissant son énergie spirituelle illuminer la nuit de ceux sensibles au monde des âmes. Il n’allait pas chercher ses adversaires. Il allait les laisser venir à lui.
Harribell le savait parfaitement en choisissant d’envoyer le troisième espada. Elle était loin d’être stupide. Et Elthalen également était loin de l’être.
Toujours concentré sur ses pesquisas, il fini par ressentir ce qui l’intéressait. Un reatsu qui se rapprochait de lui à grande vitesse, prêt à protéger la ville et ses habitants des esprits maléfiques. S’autorisant un petit sourire, l’arrancar se tourna vers l’origine de l’étranger, réajustant son bandana. Puis, sans plus de formalité, il sortit son zanpakuto de son fourreau et cria à l’attention du nouveau venu :
« Bienvenue à la soirée, mon garçon. »
Par tout les diables. Non seulement il était doté d’un reatsu colossal, mais en plus, il était totalement impossible pour l’arrancar de définir la nature même de cette énergie.